Une grande figure chrétienne du combat des droits civiques, aux Etats-Unis, s’en est allée le 29 juin 2023, à l’âge de 95 ans.
Christine King Farris (1927-2023), grande sœur de Martin Luther King, a été de tous les chapitres du grand livre de l’émancipation des Africains-Américains depuis les années 1950.
Enseignante, engagée dans de nombreux réseaux militants, dont la Southern Leadership Conference, longtemps trésorière du King Center for Nonviolence and Social Change à Atlanta, elle était considérée comme une autorité morale.
Fervente chrétienne, protestante baptiste comme le reste de sa famille, elle puisa dans ce référentiel les ressources pour surmonter de nombreuses tragédies: elle perd brutalement son frère Martin (assassiné en 1968), son autre frère Alfred Daniel (mort noyé en 1969) et sa mère Alberta (assassinée en 1974).
Parmi les quelques écrits qu’elle nous a laissés, le plus marquant est son autobiographie, riche en réflexions et en éléments factuels. Elle y affirme que “Nul d’entre-nous ne devient la personne qu’elle est par le biais d’un raisonnement abstrait » (Through it all : reflections on my life, my family, and my faith, Atria Books, 2009, p.2), insistant sur les filiations, la force des rencontres, des choix et des épreuves rencontrées pour forger un individu. Elle rapporte notamment que Willis, son arrière-grand père maternel (qui était aussi celui de son frère Martin Luther King) était prédicateur d’une Eglise baptiste, Penfield Shiloh Baptist Church, en Georgie, qui comptait comme membres à la fois des esclaves noirs et des blancs. Son arrière-grand-père était « possédé » (owned), en tant qu’esclave, par un certain William N. Williams, qui était également membre de la même Eglise baptiste Shiloh ! (Through it all, op. cit., p.4).
Le combat pour l’abolition, la déségrégation et les droits civiques, depuis, a marqué des points. L’ histoire continue.